La réalité du suicide chez l’ado

Même si des idées suicidaires peuvent apparaître chez l’enfant, c’est chez l’adolescent qu’elles font irruption de façon significative.

Voici quelques éléments pour mieux appréhender cette réalité :

Quelques chiffres :

Le suicide constitue la 2ème cause de mortalité chez les 15-24 ans, après les accidents de la circulation.

Les études montrent que :

1 adolescent sur 10 présente des idées suicidaires au cours de l’année.

1 adolescent sur 10 a effectué une tentative de suicide au cours de sa vie.

En France, sur une année :

± 350 décès par suicide chez les moins de 18 ans

± 500 décès par suicide chez les moins de 25 ans

[sur un total de ± 9000 décès par suicide]

Concernant les tentatives de suicide :

Les données sur les tentatives de suicide sont notamment issues de recueils à l’occasion des hospitalisations.

Ces données révèlent une accélération, à partir de 2020, de l’augmentation du nombre d’hospitalisation pour tentative de suicide chez les adolescents :

Les conduites suicidaires sont très inégalement réparties selon les sexes. A l’âge de 16 ans, il y a deux fois plus de tentatives de suicides chez les filles que chez les garçons.

Enfin, nous pouvons ajouter à ces chiffres celui de l’impact du suicide pour l’entourage. Pour chaque suicide, ce sont en moyenne 135 personnes qui connaissent le défunt et qui sont endeuillées. Parmi elles, entre 6 et 14 sont fortement impactées par le décès.

Une réalité à ne surtout pas nuancer :

Une erreur consisterait à regarder les chiffres en valeur absolue et estimer que :

  • Le nombre de décès par suicide est relativement faible (…)
  • Il y a beaucoup d’idées suicidaires chez les ados pour relativement peu de suicides

Face à cela,

  • Chaque mort par suicide constitue un drame absolu, une déflagration inouïe qui percute la réalité et bouleverse la vie de nombreuses personnes…
  • Le suicide est évitable. C’est notamment pour cette raison que l’Organisation Mondiale de la Santé a déclaré en 2014 sa prévention en « état d’urgence mondial ».
  • La frontière entre idées suicidaires et passage à l’acte demeure extrêmement floue. En effet, aucun indicateur ne permet, de façon fiable, de distinguer parmi x jeunes ayant des idées suicidaires, celles et ceux qui passeront effectivement à l’acte. De ce point de vue, l’histoire de Zoé est édifiante. Sur ces derniers mois de vie, elle était suivie toutes les semaines (suivi psychologique, suivi pédopsychiatrique), se livrait librement à son entourage ainsi qu’aux professionnels de santé qui étaient plutôt confiants sur sa capacité à rebondir…
  • 2 études majeures1 ont montré que le fait d’avoir des idées suicidaires à l’adolescence détériore le pronostic à l’âge adulte. Autrement dit, les jeunes ayant eu des idées suicidaires ont, devenus adultes, plus de risques de développer des idées suicidaires, des troubles psychiatriques, des conduites addictives, des comportements violents.

 Des signes d’espoir :

C’est surtout se rappeler que si, en effet, de plus en plus de jeunes vont mal, pour autant, la grande majorité des adolescents se porte bien. La jeunesse a de nombreuses ressources, des élans porteurs, un dynamisme qui peut être contagieux.

La France, face au suicide, a développé une stratégie de lutte et de prévention avec entre autres :

  • La mise en place du 3114, numéro national de prévention du suicide [lancé officiellement en octobre 2021]
  • Des dispositifs de veille et de re-contact : le dispositif Vigilans [système de recontact et d’alerte en organisant autour de la personne ayant fait une tentative de suicide un réseau]
  • Des outils de lutte contre le risque de contagion suicidaire [programme Papageno]
  • Des formations pour les acteurs de santé et le monde de l’éducation…


Même si ces mesures demeurent aujourd’hui bien insuffisante, elles ont prouvé leur efficacité.

La santé mentale a été désignée, en 2025, « grande cause nationale ».  Le défi est vaste et demandera non seulement une poursuite des stratégies engagées mais également un changement de vision sur la santé mentale et une évolution significative et massive concernant la prise en charge des adolescents2

1 Goldman – Mellor -2014

2 Ces dernières années, beaucoup de stratégies ont été développées dans le cadre de la prévention. Sur la prise en charge directe des adolescents (soins, suivi, hospitalisation), la situation est beaucoup plus préoccupante : cf. notre article « santé mentale : un état des lieux alarmant ».